Alexandre Gurita

Artiste, Directeur de l’École nationale d’art de Paris (ENDA) et de la Biennale de Paris, fondée en 1959 par André Malraux. Il est à l’origine du terme « art  invisuel ».

Après avoir expérimenté de nombreuses formes d’art et constaté que tout avait été fait et refait, il abandonne totalement la production d’œuvres d’art en 1998, estimant qu’elles entravent sa créativité. Cette même année, il rencontre Ricardo Mbarkho à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA). Ensemble, ils ont expérimenté de nouvelles approches artistiques entre 1998 et 2001, aboutissant plus tard à l’art invisuel.

En 1999, Alexandre Gurita affirme que « l’œuvre d’art est une manifestation résiduelle de l’être, ce qui à notre époque est devenu sous-artistique ». En 1999, il crée l’Association pour la propriété intellectuelle de l’être sur lui-même, avec Ricardo Mbarkho, Pierre-Yves Fave et Stéphane Augé, envisageant l’être humain comme une œuvre d’art en devenir. Cette même année il dépose sa vie comme une œuvre d’art auprès de la société Protecréa, spécialisée dans le dépôt des œuvres d’art. Le 23 juin 1999, il présente son mariage comme projet de diplôme de fin d’études à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA), ce qui bouleverse cette école et déclenche des hostilités de la part des enseignants et des tenants de la bien-pensance artistique. Par la suite, Alexandre Gurita réalise que si l’artiste agit en solitaire, il n’a plus la possibilité de créer une forme d’art singulière ni un impact sur la définition de l’art. Il fallait dorénavant agir à plusieurs et sous couvert d’institution. Pour cette raison l’artiste capte la Biennale de Paris en 2000 pour la transformer dans une institution crique, mise au service de toute pratique affranchie du régime normatif de l’art.

En observant des pratiques qui n’entraient dans aucune catégorie d’art existante, il formule en 2004 un terme sur mesure pour les caractériser : l’« art invisuel ». L’art invisuel décrit un genre d’art à part entière, existant autrement que sous forme d’œuvre d’art, matérielle ou immatérielle. Selon l’historien de l’art Éric Monsinjon, l’art invisuel se définit par ce qu’il n’est pas. Une des spécificités de l’art invisuel est de considérer l’écosystème de la pratique comme faisant partie intégrante de celle-ci. En même temps que l’artiste invisuel élabore sa pratique, il conçoit son modèle économique et stratégique, sa terminologie, ses circuits et modes de diffusion, ses publics, sa dimension multimodale, écologique et collaborative. Sa deuxième spécificité consiste à considérer que les artistes peuvent travailler en intelligence collective dans une logique de co-construction, dans une approche horizontale basée sur la non-compétitivité, similaire aux sports d’équipe ou aux groupes de scientifiques travaillant ensemble sur un même projet.

Dans le champ de l’art invisuel, l’artiste explore des axes tels que la captation institutionnelle, l’institution critique, l’économie transversale, la multimodalité, l’horizontalité, la stratégie de l’eau (faire avec), l’asymétrie (se trouver là où on ne s’y attend pas), ainsi que la critique augmentée (agir à plusieurs). La captation institutionnelle désigne l’acte consistant à capter légalement des institutions afin de les transformer en institutions critiques de changement. Les trois captations majeures de l’artiste : la Biennale de Paris (2000), l’Institut des hautes études en arts plastiques (Iheap) (2012), devenu l’ENDA en 2017, et la Revue de Paris (2020). L’artiste considère le système de l’art comme un matériau de travail. Il estime qu’en dehors de l’art en tant que tel, deux facteurs majeurs sont déterminants sur sa définition même : son économie et son enseignement. L’artiste collabore activement avec d’autres professionnels pour faire valoir une nouvelle vision de l’art.

L’artiste a donné des conférences et menée des ateliers tels à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (Beyrouth), Guggenheim Museum de Bilbao (Bilbao), Yale School of Art (New Haven), Apexart (New York), Columbia School of Art (New York), Queens Museum of Art (New York), School of Visual Art (New York), Grand Palais (Paris), Musée d’art moderne de la Ville de Paris (Paris), Palais de Tokyo (Paris) et Paris 1 Sorbonne (Paris).

facebook.com/alexandregurita
facebook.com/alexandregurita.pageofficielle
instagram.com/alexandregurita


Titre de l’intervention : Art invisuel – Un art sans œuvre
Dates : 3 septembre 2024, 10 septembre 2024, 15 octobre 2024, 29 octobre 2024 et 19 novembre 2024
Mode : Hybride
Lieu : Académie Libanaise des Beaux-Arts de Beyrouth (ALBA)
Langue : Français
Public : Étudiants en atelier d’art invisuel

Une co-présentation de la notion d’art invisuel et de ses bases. C’est en composant dans l’espace de l’après les limites connues de l’art que l’art émerge. L’art est une négociation avec l’inconnu et celui-ci n’existe qu’après ce qui est connu. Le workshop inclut l’analyse d’exemples de pratiques invisuelles qui montre par la pratique ce genre d’art dans une forme de diversité et de complexité.

L’art de nature invisuelle ne vise pas à remplacer l’art de nature visuelle, il s’agit d’une nouvelle dimension de l’art qui s’ajoute à celles qui existent. L’art de nature invisuelle peut être considéré comme un moteur de créativité au service de tout type d’activité humaine. Comment les étudiants peuvent utiliser l’art invisuel pour repousser les limites de leur propre domaine et inventer des nouvelles formes.

Objectifs : Avec Ricardo Mbarkho, créer une rupture paradigmatique chez l’étudiant et de la possibilité d’un ailleurs de l’art. Augmenter sa capacité d’écoute et d’étonnement, condition essentielle pour se singulariser et ce quel que soit son domaine d’études.