Code : ARC1043-1
Enseignant-chercheur principal
Gregory Buchakjian, PhD
gbuchakjian@alba.edu.lb
Date de début : septembre 2024
Descriptif
L’archive est au cœur des préoccupations d’artistes et chercheurs au Liban depuis les années 1990. Elle se présente sous toutes sortes de formes – papier, audiovisuelle, orale – et concerne l’ensemble des activités humaines. D’où l’importance de sa place dans des sociétés fragilisées par des conflits et à une époque incertaine de perte de repères. Chaque archive, quelle que soit son objet, son ampleur et sa matérialité, renvoie à des référents temporels et spatiaux.
Même si elle entretient une proximité historique, géographique et éventuellement familiale avec nous, elle nous est étrangère. Cette altérité permet au chercheur et à l’artiste de l’appréhender en tant qu’objet, symptôme et sujet d’étude.
Les communautés scientifique et artistique considèrent que la mise en lumière d’archives et leur présentation au public permettent de combler les manques dans la construction d’un récit collectif. Les usages des archives constitueraient, jusqu’à preuve du contraire, une stratégie valide pour restituer les trames du temps.
Contexte
L’archive est au cœur des préoccupations d’artistes et chercheurs au Liban depuis les années 1990. Elle joue un rôle central dans la pratique de l’initiateur de cet atelier, notamment la thèse de doctorat et le projet artistique des habitats abandonnés de Beyrouth. L’archive se présente sous toutes sortes de formes – papier, audiovisuelle, orale – et concerne l’ensemble des activités humaines. D’où son importance dans des sociétés fragilisées par des conflits et à une époque incertaine de perte de repères.
Questions de recherche
Quelles sont les différentes possibilités d’interaction entre l’archive et les démarches artistiques ? Au-delà de celles qui sont le plus connues / publiées / médiatisées, établir des typologies. Quels types d’archives – institutionnelles, familiales, etc. – et quels types de supports ? Comment la situation a-t-elle évolué depuis que l’archive est devenue, à la fin des années 1990, un maillon dans la chaîne de l’art au Liban ?
Problématique
Chaque archive, quelle que soit son objet, son ampleur et sa matérialité, renvoie à des référents temporels et spatiaux. Même si elle entretient une proximité historique, géographique et éventuellement familiale avec nous, elle nous est étrangère. Cette altérité permet au chercheur et à l’artiste de l’appréhender en tant qu’objet, symptôme et sujet d’étude.
Pourtant, chaque archive nous apprend quelque chose de nous. Que son contenu comporte des enregistrements musicaux du début du XXe siècle (comme ceux de la Arab Music Archiving and Reasearch Foundation), des relevés topographiques d’ingénieurs en ponts et chaussées, des correspondances, des photographies, des films ou tout autre chose, elle dévoile un volet – toujours fragmentaire – de notre mémoire collective. Il en résulte une écriture de l’histoire non linéaire mais par à-coups, où les pièces s’accumulent, parfois s’assemblent, dans une construction sans fin.
Trente ans après l’émergence de pratiques qui lui font appel, que peut encore l’archive ?
Hypothèse de recherche
Étant donné que « la mise au jour, jamais achevée, jamais intégralement acquise de l’archive, forme l’horizon général auquel appartiennent la description des formations discursives, l’analyse des positivités, le repérage du champ énonciatif » (M. Foucault, L’archéologie du savoir), le sujet étudié constitue une sorte de chimère puisque son achèvement est impossible. À plus forte raison dans un territoire où les récits, les documents et les lieux sont fragmentés.
Les communautés scientifique et artistique considèrent néanmoins que la mise en lumière de différentes archives et leur présentation au public permettent de combler les manques dans la construction d’un récit collectif. Pour preuve le nombre considérable de publications, colloques, films et œuvres produits au cours des dernières décennies. Les usages des archives constitueraient, jusqu’à preuve du contraire, une stratégie valide pour restituer les trames du temps.
Justification de l’hypothèse
À la question « définir problématique de recherche sur l’archive et l’art au Liban », ChatGPT répond : « La problématique de recherche sur l’archive et l’art au Liban concerne l’exploration des archives historiques et artistiques dans le contexte libanais. Elle vise à comprendre comment les archives sont utilisées dans la création artistique, ainsi que leur rôle dans la préservation de la mémoire collective et la construction de l’identité nationale. Cette problématique examine également les défis liés à la conservation des archives dans un contexte marqué par les conflits et les transformations sociales, ainsi que les stratégies artistiques utilisées pour réinterpréter et réinventer le passé à travers les œuvres d’art contemporaines. En outre, elle interroge la manière dont les artistes libanais abordent les questions de mémoire, de trauma et d’héritage culturel à travers leur pratique artistique, et comment ces représentations contribuent à la compréhension et à la construction de l’histoire et de l’identité libanaises. »
L’évidence des questions posées par l’archive au Liban est telle qu’elles sont enregistrées dans les bases de données. Le propos théorique de cet atelier est de d’interroger, voire de déconstruire, à travers l’examen de fonds spécifiques, inédits ou déjà connus, la pertinence de ce qui est devenu une idée reçue voire une vérité.
Méthodes de collecte de données
- Établir un corpus de collections privées et ou institutionnelles qui seront l’objet d’étude.
- État des lieux général des collections à travers des entretiens avec les ayants-droits, la collecte d’éventuelles références bibliographiques sur le sujet spécifique et l’observation générale du contenu.
- Inventaire préliminaire des collections
Analyse des données
- Une fois le corpus établi et répertorié, il s’agit de l’activer.
- De quel régime relève cette archive ?
- Quelles questions pose-t-elle par sa matérialité ?
- Quels types de récits individuels ou collectifs met-elle en lumière ?
Modalités d’évaluation
- Présence
- Suivi du cycle de conférences du CRC
- Etude de terrain et inventaire préliminaire d’un corpus
- Projet final
Références
Ouvrages
- BARBERIS, Isabelle (ed.) (2015). L’archive dans les arts vivants : performance, danse, théâtre [actes du colloque Archive vivante, Paris, Université Paris Diderot, 25-26 octobre 2012]. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 213 p. ALBA 790.2072 B234a
- BASSIL, Karl, MAASRI, Zeina et ZAATARI, Akram (2002). Mapping Sitting: on Portraiture and Photography, Beyrouth, Mind the Gap, [ALBA: 778.92 B321m]
- BUCHAKJIAN, Gregory (2018). Habitats abandonnés. Une histoire de Beyrouth. Beyrouth, Kaph, 239 p. ALBA 779.092 B918h
- BUCHAKJIAN, Gregory, ELKOURY, Fouad et KHADER, Manal, Fouad Elkoury. Passing Time, Beyrouth, Kaph Books, 2017, 280 p. [ALBA 779.9256925 K45p]
- BUCHAKJIAN, Gregory et COTTARD HACHEM, Clémence, ed. (2018). Traversées photographiques, le journal du Docteur Cottard, Beyrouth, Fondation arabe pour l’image, 250 p. [ALBA 770.92 B918t]
- COSTANTINI, Marco (ed.) (2022). Beyrouth : les temps du design. Lausanne, mudac, 304 p. [ALBA 745.4095692 B573b]
- COTTARD HACHEM, Clémence et SALAME, Nour, ed. (2018), On Photography in Lebanon. Stories and Essays, Beyrouth, Kaph Books [ALBA 779.95692 C846s]
- DERRIDA, Jacques (1995). Mal d’archive, Paris, Galilée, 168 p.
- DIDI-HUBERMAN, Georges (2002). L’Image survivante : histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg. Paris : Editions de Minuit, 592 p. ALBA 701.17 D556i
- FOUCAULT, Michel (1969). L’Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 287 p.
- GUYOT, Jacques et ROLLAND, Thierry (2011). Les archives audiovisuelles : histoire, culture, politique. Paris, Armand Colin, 191 p. ALBA 791.4309 G989a
- MEJCHER-ATASSI, Sonja et SCHWARTZ, John Pedro (ed.) (2012). Archives, Museums and Collecting Practices in the Modern Arab World, Farnham, Surrey : Ashgate publishing company, 234 p. [ALBA : 025.281 M516a]
- MEREWETHER, Charles (ed.) (2006). The Archive. Londres, Whitechapel, 207 p. ALBA 027.0071 M558a
- TAMRAZ, Nayla. (ed.) (2015) Littérature, art et monde contemporain. Récits, histoire, mémoire [Actes du colloque organisé par le Département des lettres françaises et le Master en critique d’art et curatoriat de l’Université Saint‐Joseph à Beyrouth les 16 et 17 mai 2014]. Beyrouth : Presses de l’Université Saint-Joseph, 290 p. [ALBA : 701.17 T153l]
- ZAATARI, Akram (ed.) (2018). Against Photography, an annotated history of the Arab Image Foundation, Barcelone,
- MACBA et Beyrouth, Kaph Books, 188 p. ALBA 770.92 Z11e
- ZAATARI, Akram et WASIUTA, Mark (ed.) (2018) Rifat Chadirji : building Index, Beyrouth, Kaph, 437 p. ALBA 720.92 C432r
Articles
- AVENTURIN, Annabelle et MORIN, Léa (2022). « Des Archives cinématographiques non-alignées ». Hors Champ, janv-fev. 2022. En ligne https://horschamp.qc.ca/article/des-archives-cinematographiques-non-alignees
- BAUMANN, Stefanie (2009), « Archiver ce qui aurait pu avoir lieu », Conserveries mémorielles #6 [En ligne] http://journals.openedition.org/cm/381
_ (2012), « Archiver ailleurs, archiver autrement ? », Ateliers d’anthropologie, n. 36 [En ligne] http://journals.openedition.org/ateliers/9013 - BUCHAKJIAN, Gregory (2017). « The Lives and Deaths of Inhabitants in Abandoned Houses ». OAR Oxford Artistic and Practice Based Research Platform, n. 2, p. 30-46. En ligne https://www.oarplatform.com/lives-deaths-inhabitants-abandoned-houses/
- DIDI-HUBERMAN Georges (2024) « Retraverser l’archive (deux notes pour un projet d’atlas) », Critique d’art, 60 | Printemps/été. En ligne : http://journals.openedition.org/critiquedart/104430 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.104430
- FOSTER, Hal (2004). « An Archival Impulse », October, n. 110, p. 3-22 En ligne : https://monoskop.org/images/6/6b/Foster_Hal_2004_An_Archival_Impulse.pdf
- OUAYDA, Nour et SAYEGH, Ghada (2022). « Circuler dans les archives du cinéma : rencontres, gestes et affectivités », Hors Champ, janv-fev. 2022. En ligne : https://horschamp.qc.ca/article/circuler-dans-les-archives-du-cinema-rencontres-gestes-et-affectivites
Résumé des études antérieures
Les productions des trente dernières années, notamment celles croisant les pratiques artistiques et scientifiques, ont utilisé l’archive pour mettre en exergues l’histoire ou certaines histoires. Il va de soi pour la Fondation arabe pour l’image et ses publications, ainsi que différents projets initiés par des entités individuelles, collectives ou institutionnelles comme celui des Habitats abandonnés que j’ai lancé en 2009.
Lacunes dans les références par rapport au projet présent
Les archives – relativement – récentes : La majorité des travaux portent sur les archives antérieures aux années 1990. Or les 30 dernières années ont généré du matériel qui fait désormais partie de l’histoire.
Systèmes de classements : les archives reposent dans des institutions ou chez des particuliers. Quelle possibilité d’établir des systèmes de classements permettant de croiser différents types de collections.
Langue d’enseignement
- Français
- Anglais (si besoin)
Répartition en heures
- Heures d’enseignement/recherche sur place = 30 heures
- Travail personnel = 80 heures
Effectif
- Dix étudiants en première année de Master
Intervenants
Les personnes suivantes pourront être invitées en tant qu’intervenant.e.s ou conférencièr.e.s selon l’organisation du calendrier des ARC et leurs disponibilités :
- Vartan Avakian, artiste, Fondation arabe pour l’image
- Rowina Bou-Harb, bibliothécaire et archiviste, Musée Sursock
- Georges Boustany, créateur de la page La guerre du Liban au jour le jour et auteur de l’ouvrage Avant d’oublier
- Carine Chelhot Lemyre, historienne d’art, Alba UOB
- Clémence Cottard-Hachem, directrice artistique, BEMA
- Lina Fakhoury, archiviste, Alba UOB
- Marianne Noujeim, professeure associée, USJ
- Anaïs Farine, chercheuse en études cinématographiques, USJ
- Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, artistes visuels et cinéastes
- Lamia Joreige, artiste visuelle
- Nathalie Rosa-Bucher, archiviste, Umam D&R
- Ghada Sayegh, professeure associée, USJ
- Alfred Tarazi, artiste visuel
- Camille Tarazi, architecte, directeur de Maison Tarazi et auteur de l’ouvrage Vitrine de L’Orient
- Akram Zaatari, artiste visuel, Fondation arabe pour l’image