Loli Tsan

Conférencière dans l’ARC : Art Invisuel

PhD. Pianiste classique et titulaire d’un doctorat en Linguistique et Littératures Romanes de UCLA. Professeur de littérature médiévale à la State University of New York. Sa recherche actuelle s’applique à la musique au-delà du son.

Ayant grandi dans une famille de compositeurs, pianiste classique titulaire d’une Licence de Piano de l’Ecole Normale de Musique de Piano, ainsi que d’un doctorat de 3ème cycle de Paris IV et d’un Ph.D. en Linguistique et Littératures Romanes (Romance Linguistics and Literatures) de UCLA, Loli Tsan est professeur de littérature médiévale à la State University of New York.

Elle est l’auteure d’une thèse intitulée Fragmentation et Écriture du Corps au Moyen-Âge, de nombreux articles sur la réception de la globalisation en France, sur la littérature romane du 12e siècle et d’un ouvrage intitulé L’Art à l’épreuve de la singularité.

Loli Tsan a présenté les différents aspects de sa recherche dans de nombreuses conférences dans diverses universités aux États-Unis, en Chine, au Brésil, en Tunisie, et à travers l’Europe en France, en Grèce, en Italie et en Belgique.

Sa recherche actuelle s’applique à la Musique au-delà du Son et aux parallèles entre l’art invisuel et la désintégration sonore en musique.

En collaboration avec Alexandre Gurita, elle travaille à l’enregistrement d’une série de cours sur la dématérialisation de la musique pour l’Enda Autonome (la version en ligne de l’École nationale d’art de Paris).


Titre de la conférence : La musique au-delà du son
Date : Mardi 12 novembre 2024 à 14h30 (heure de Beyrouth)
Mode : Hybride
Lieu : Académie Libanaise des Beaux-Arts de Beyrouth (ALBA)
Langue : Français
Public : Étudiants en atelier d’art invisuel

Tableau représentant la Reine de la nuit, pour la Flûte enchantée de Mozart, par Simon Quaglio, 1818

Alors que les artistes de l’art invisuel, s’affranchissent de l’œuvre et que les pratiques invisuelles se construisent depuis les années 90 en opposition avec l’art visuel, on observe que la musique subit une dématérialisation similaire. Ce projet que je nommerais l’Opus Ultimum, décrit cette progression irrésistible, à savoir la dernière rencontre entre le son et la musique, quand celle-ci traverse l’ultime frontière, le mur du son, illustré par les 4’33” d’une performance totalement silencieuse de John Cage, constituée des sons de l’environnement que les auditeurs entendent ou créent lorsque le morceau est interprété. C’est aussi le pianiste Glenn Gould qui arrête de se produire en concert, refusant toute nourriture pendant ses enregistrements, c’est sa chaise sans fond ou son insistance, au cours de sa pratique, à couvrir le son de son piano avec un aspirateur pour créer une image mentale de sa partition…

Et pourtant, les précurseurs de cette avancée, de ce sacrifice du son, ont pour noms Mozart, Beethoven et Chopin qui, sans pour autant se concerter ou même être conscients des bouleversements qui se trament dans leurs dernières œuvres, ont déjà dépassé la tonalité, la polyphonie et même la mélodie, et ont déjà introduit quelques secondes incongrues de silence dans leur écriture, exploré un chromatisme protéiforme, généré des arcs-en-ciel sonores capables d’abolir les couleurs, à force de les multiplier à l’infini. Cette généalogie de la dématérialisation musicale est la mère invisible du bruitisme de Russolo, des musiques sérielles, concrète et acousmatique. Ce ne sont pas encore des iconoclastes, ni les théories subversives du dodécaphonisme, et pourtant, bien avant ces expérimentations, avait germé le soupçon que la musique existe au-delà du son.