Rose Marie Barrientos

PhD. Historienne de l’art, membre du Secrétariat du Conseil International des Musées (ICOM). Son ouvrage majeur : Les entreprises critiques, éd. Sorbonne, Paris 1.

Rose Marie Barrientos, docteur en argumentation, examine la possibilité de l’art comme argument en partant d’une perception de l’art comme une forme de pensée, de discours et de connaissance. Plus spécifiquement, elle s’intéresse aux organisations d’artiste (dites « entreprises critiques »), qui constituent le point focal de sa recherche. L’historienne argumentaliste a formulé une méthodologie basée sur l’argumentation, permettant d’écrire l’histoire de l’art avec des instruments empruntés à cette discipline. Son approche s’appuie sur l’analyse des stratégies d’argumentation mobilisées par l’artiste pour donner du sens à son travail plutôt que sur sa production d’œuvres, qu’elle soit de nature visuelle ou invisuelle. Elle privilégie les éléments argumentatifs et la dynamique de l’argument sur la forme et le contenu qui le véhiculent. Elle est intervenante à l’Ecole nationale d’art de Paris (ENDA), l’école de la Biennale de Paris.


Titre de la conférence : Les voies de l’argumentation, la raison de l’art
Date : Mardi 15 octobre 2024 à 14h30 (heure de Beyrouth)
Mode : Hybride
Lieu : Académie Libanaise des Beaux-Arts de Beyrouth (ALBA)
Langue : Français
Public : Étudiants en atelier d’art invisuel

En se dégageant du principe de la représentation comme ancrage et levier centrale de la création artistique, l’art invisuel introduit un paradigme inédit et encore peu étudié. Comment aborder un art qui se libère du registre sensoriel pour privilégier ce qui relève du fait culturel, philosophique ou politique ? Comment le distinguer de l’art conceptuel et d’autres formes artistiques plus récentes, telle la performance et l’esthétique relationnelle ? Par ailleurs, dès lors que ses praticiens cherchent à s’émanciper du monde de l’art traditionnel – tant sur le plan esthétique qu’institutionnel et économique – on peut s’interroger sur ses modes de diffusion, de réception et d’interprétation. Or, les grilles de lecture et les méthodologies dont dispose l’histoire de l’art s’avèrent insuffisantes pour considérer ces questions. Au cours de ma recherche sur les « entreprises critiques », ce constat a dirigé ma réflexion vers l’argumentation, champ d’étude interdisciplinaire offrant des instruments mieux adaptés à mon analyse.

L’art invisuel appartient à une nouvelle catégorie que je propose ici de déceler en le contemplant comme vecteur d’argumentation au service de l’artiste argumentaliste (néologisme d’Alexandre Gurita). Dans cette configuration, l’art serait une extension de la raison. Envisageant les « entreprises critiques » comme de formes embryonnaires d’art invisuel, je dégage des pistes qui permettront de répondre aux questions posées plus haut, mais ma présentation vise également à fournir quelques repères théoriques et historiques sur l’argumentation, discipline désormais au cœur de mon travail d’historienne de l’art. Ses principes informent mes hypothèses, ce qui me fait penser que ces mêmes principes se trouvent au cœur des pratiques invisuelles.