Yosr Mahmoud

Artiste matriartiste invisuelle, diplômée d’un master de l’ISBAS, Tunisie et ancienne praticienne-chercheuse à l’ENDA, Paris. Elle développe l’Esthétique de l’hospitalité, un ensemble de pratiques de l’accueil et de la convivialité.

Cette esthétique transcende l’œuvre d’art et jette les bases d’une catégorie à part entière dans l’art invisuel, basée sur l’hospitalité. L’artiste a introduit le terme matriartiste pour mettre en avant les femmes artistes mères dans un univers où le patriarcat domine. Engagée, Yosr Mahmoud explore son identité généalogique, puisant ses sources dans les vertus de son héritage ancestral. Maurice Blanchot affirme dans Sublime parole que « L’hospitalité consiste moins à nourrir l’hôte qu’à lui rendre le goût de la nourriture en le rétablissant au niveau du besoin, dans une vie où l’on peut dire et supporter d’entendre dire : Et maintenant, n’oublions pas de manger ». Sa dernière conférence sur l’Esthétique de l’hospitalité s’est déroulée dans le cadre du festival culturel national en Tunisie (Sousse), JEPTAV 2024 – L’art invisuel : champs d’application et d’implication.


Titre de la conférence : L’esthétique de l’hospitalité comme mode opératoire matriartistique
Date : Mardi 15 octobre 2024 à 13h30 (heure de Beyrouth)
Mode : Hybride
Lieu : Académie Libanaise des Beaux-Arts de Beyrouth (ALBA)
Langue : Français
Public : Étudiants en atelier d’art invisuel

La conférence présente l’esthétique de l’hospitalité comme une pratique d’art invisuel étroitement liée à l’éthique et à l’esthétique, qui se situe au cœur de la démarche matriartistique. Cette approche rassemble des artistes enracinés dans leur héritage culturel et matrimonial, mettant en lumière des activités quotidiennes souvent négligées en tant que formes d’art à part entière.

Les gestes de soin, d’accueil ou de partage constituent le fondement du mode opératoire des matriartistes. En révélant leur dimension esthétique et éthique, ces gestes se transforment en actes créatifs. À travers ce processus, les matriartistes élèvent les pratiques domestiques et nourricières, traditionnellement perçues comme ordinaires et banales, au rang de l’art. Ces actions matriartistiques, fondées sur la générosité et la considération de l’autre, incarnent une forme d’expression artistique profondément enracinée dans l’idée d’hospitalité et de convivialité.

La conférence montre comment des traditions matrimoniales de l’hospitalité, telles que « el walima », un rituel tunisien de partage, possèdent un potentiel esthétique qui peut être réactivé dans un contexte contemporain pour contrer l’individualisme et l’hostilité. En transformant des actes ordinaires, tels que la préparation et le partage de repas, en gestes artistiques, l’esthétique de l’hospitalité redéfinit l’art comme un processus inclusif où le partage et la convivialité sont essentiels à la création. Ainsi, les frontières entre éthique et esthétique, entre art et vie quotidienne, s’effacent.