FR | EN
   

Atelier de Recherche et de Création (ARC) :
Cartographier la religiosité dans les banlieues de Beyrouth

Photos prises par Raphael Lteif, en mai 2024.

Code
ARC1042-1

 

Enseignant-chercheur
Michael F. Davie, PhD
michaelfdavie@gmail.com

 

Date du début de cet ARC
Septembre 2024

 

Descriptif
L’objectif est de cartographier toutes les expressions matérielles de l’appartenance à une religion dans la banlieue immédiate de Beyrouth. Il s’agit de décrire, de relever, de photographier, et surtout de localiser par positionnement GPS tous les lieux de culte informels (les cabellas, les mazars), et tous les autres marqueurs d’une appartenance religieuse : banderoles politiques mais exclusivement à connotation religieuse, versets de livres saints, portraits de saints, de martyrs, d’hommes du clergé, icônes, inscriptions, tags, mémoriaux, statues et statuettes, etc. Les enquêtes seront exclusivement sur les objets visibles depuis la rue. Les secteurs de Sinn el-Fil, de Dekwané et de Nabaa serviront de cadre pour les enquêtes. Ces données seront traitées par un Système d’Information Géographique.
Toutes les disciplines ont leur place dans cette recherche, chacune apportant un angle explicatif. Les architectes (les méthodes de description des matériaux et techniques de construction) ; l’architecture d’intérieur et de design (analyse des styles, des influences, des histoires) ; les arts graphiques (la lecture des objets et de leurs contextes visuels) ; le cinéma (l’analyse des techniques de mise en visibilité des objets) ; l’illustration et les multimédia (les relations existant entre objet et spectateur) ; la mode (analyse des rapports entre société et extériorisation du message) ; l’urbanisme (analyse de la place des objets dans la ville et de ses réseaux).

 

Introduction
La ville de Beyrouth a très souvent été analysée par le biais d’approximations, de postulats jamais étayés par des observations de terrain précis. La religion a été l’une des entrées privilégiées pour « expliquer » la ville : « Beyrouth-Est, chrétienne, Beyrouth-ouest, musulmane » est un cliché favori des médias. Or, l’expression matérielle de la religion et sa mise en scène dans l’espace public, a très peu à voir avec la foi, un domaine très intime de la relation de l’individu avec le monde spirituel.

Cette recherche vise à cartographier toutes les expressions matérielles d’une appartenance à une religion dans la banlieue immédiate de Beyrouth. Il s’agit de décrire, de relever, de photographier, et surtout de localiser par positionnement GPS tous les lieux de culte officiels (églises, mosquées…) et informelles (les cabellas, les mazars), mais aussi tous les autres marqueurs d’une appartenance religieuse : banderoles politiques mais à connotation religieuse, versets de livres saints apposés aux entrées des immeubles, portraits de saints, de martyrs, d’hommes du clergé, etc.

L’inventaire sera limité à ce qui visible par un piéton (ou un passager de voiture) le long des rues et ruelles de la ville, sans jamais entrer dans l’intimité de l’espace domestique. Autrement dit, décrire ce qu’un visiteur voit à son échelle, mais sans entrer dans une enquête sur les appartenances religieuses formelles ou intimes des habitants ou résidents des banlieues de la ville.  

L’importance de ce projet réside dans une tentative de mise en commun de plusieurs approches (sociologique, architecturale, anthropologique, politologique, cartographique, historique, urbanistique, mais également des approches des médias, du design, de l’histoire de l’Art, du cinéma…). Cette mise en commun aboutira à une série de cartes (de « calques », de « layers ») obtenues par le traitement des fiches d’enquête par un Système d’Information Géographique (SIG). Ces cartes permettront d’aboutir à des analyses très fines sur l’une des facettes des identités exprimées matériellement par les résidents des différents quartiers de la banlieue. Par extension, cette mise en scène identitaire fait bien évidemment partie d’un jeu politique, mais il permettra surtout de comprendre saisir la place du religieux (ou de la foi) dans la vie du quotidien, nécessaire à la cohésion sociale des groupes présents. Exhiber un objet à consonance religieuse, c’est marquer un territoire, c’est lui donner du sens dans une compétition de centralité, d’importance, de sacralité. C’est surtout un moyen de comprendre l’extériorisation des angoisses existentiels liées à la guerre civile ou aux événement survenus par la suite, les traumatismes divers, les interrogations quant au futur, les effets délétères de la crise économique, les dérives et crises politiques à répétition, etc.

Quelle que soit la discipline de base de l’étudiant(e) ou du chercheur(se), les questions de base se résument par « que trouve-t-on à des points précis de l’espace de la banlieue de Beyrouth, et pourquoi ? ». Elles permettent de poser une problématique aux entrées multidisciplinaires. Ainsi, si les croyants, partout dans le monde, externalisent leur rattachement à une foi grâce à des marqueurs, à des signes, à des objets visibles par tous, comment les individus ou groupes revendiquant une appartenance à des religions ou communautés présentes dans la grande banlieue beyrouthine expriment-ils publiquement cette identification ? Quels sont les objets qui externalisent cette appartenance, et quelles sont les logiques qui fixent le choix de l’emplacement ? Et surtout qui les définit et les place ?

Cette approche pluridisciplinaire est incontournable, car les objets marqués par la religion ne s’expliquent pas que par une seule entrée. Toutes les disciplines enseignées à l’ALBA ont leur place dans cette recherche, chacune apportant un angle explicatif permettant de saisir la complexité du phénomène analysé. Chaque mazar, chaque cabella a sa propre architecture, ses propres objets (statuettes, messages votifs, fleurs, etc.) et donc sa symbolique propre nécessitant description et analyse ; chaque sourate est différente dans les entrées d’immeubles, selon les sensibilités des résidents ; chaque confession chrétienne a ses propres saints favoris ; les couleurs utilisées ont des significations différentes selon les religions, etc. Aussi, les marqueurs religieux prennent une importance dans le repérage dans la ville, car ils témoignent d’un moment de l’histoire de la personne donatrice, celle de l’immeuble, de la rue, du quartier. Ils « mettent en scène » la rue, attirant le regard vers des points précis, au même titre que le cinéma ; ils témoignent de schèmes de pensée, de comportements sociaux individuels ou collectifs, de modes. Ils sont évidemment des témoins de crises politiques ou de drames humains, qu’il est nécessaire de préciser et de contextualiser.

La recherche permettra, in fine, de saisir les liens indissociables entre les sphères politique et religieux : nombre de marqueurs religieux sont ambigus, véhiculant un message spirituel à travers un vecteur religieux. L’analyse statistique des résultats de l’enquête permettra d’appréhender ce mélange de genres, et notamment, leur concentration spatiale.

 

Hypothèse de recherche
Où trouve-t-on des objets ou des édifices vernaculaires qui projettent un message religieux dans la proche banlieue de Beyrouth ? Quelles sont les raisons du choix de l’emplacement ? Qui sont les acteurs de cette implantation ?

On peut avancer que toutes les religions ont été (et le sont toujours) nécessairement ancrées dans des espaces, des lieux. Que ce soit des pierres particulières, des collines ou montagnes, des sources ou des arbres et forêts, toutes les religions ont eu besoin de se situer dans l’espace afin de concrétiser le lien entre les mondes matériel et spirituel. Les religions monothéistes n’échappent pas à cette règle, en concentrant cette relation dans des bâtiments précis : églises, mosquées, temples, synagogues et autres lieux de réunion et de dévotion. Mais la foi populaire étend le sacré à d’autres lieux, appropriés pour des besoins spécifiques. C’est le cas par exemple des mazars, ces lieux vernaculaires qui expriment la foi, sans utiliser les lieux plus officiels que sont les églises ou les mosquées. Ailleurs, la protection du spirituel s’exprime par l’exposition de versets issus de livres saints (des sourates du Coran, par exemple, des images de la Ka‘aba, ou des premiers califes).

Pour Beyrouth (et le Moyen-Orient plus généralement), les recherches en sciences sociales soulignent à l’envi le rôle prépondérant de la religion dans l’organisation sociale, économique et politique des sociétés de cette région. Elle serait totalitaire, organisant l’espace, conditionnant toutes les lois, cadrant les fonctions de l’espace urbain, fixant les modes d’habillement, de l’alimentation, les préférences matrimoniaux, voire les articles des Constitutions. Si cela est en partie vrai, il reste que la population exprime sa foi par d’autres manières aussi : elle marque des points particuliers de son espace de vie, créant des auras de sacralité à des carrefours, là où un événement particulier a eu lieu, comme un accident, une voiture piégée, un miracle, etc. Des extraits de livres sacrés, des icônes, des représentations de la vie des saints ou des prophètes apportent, pour les fidèles, un réconfort, une protection — un peu comme les amulettes contre le mauvais œil. Transgresser le sacré, détruire un mazar, une cabella, un écrit, apportera sûrement une malédiction sur l’auteur du crime. L’espace urbain est ainsi parsemé de lieux sacrés reconnus par aucune autorité religieuse officielle ; ils sont cependant nécessaires au bon fonctionnement de la société des banlieues de Beyrouth.

De ce fonctionnement entre l’espace profane et sacré à Beyrouth, très peu a été écrit. L’attention a été focalisé sur la ville municipe, notamment en période guerre civile, et en ne retenant qu’une macro échelle. La micro échelle, celle des rues et ruelles de la banlieue, des petits objets cultuels, des signes éphémères de la foi, ont été ignorés. Les raisons de ce manque d’intérêt renvoie sans doute à la complexité des analyses nécessaires, et surtout à la possibilité que la « vraie vie » des habitants contredirait la doxa de l’impossible mixité des religions, ou de croyances partagées sur le territoire beyrouthin. L’approche multidisciplinaire et interdisciplinaire permettra d’alimenter l’idée que les banlieues de Beyrouth ne sont pas que des ghettos mono-religieux, mais brassent des populations aux croyances différentes, chacune marquant l’espace à sa manière. La notion de cosmopolitisme sera mise à contribution pour placer la banlieue de Beyrouth dans une perspective comparative.

 

Acquis d’apprentissage
À la fin de cet ARC, l’étudiant·e sera en mesure de :

  • Identifier et interpréter les principaux concepts et théories liés à la question de la place du religieux dans la structuration à la fois de l’espace et de la société de la proche banlieue de Beyrouth.
  • Interpréter de manière critique les œuvres et les documents pertinents. Il ou elle saura interpréter les différents « calques » ou « layers » de la construction de l’identité des habitants de cette banlieue en pleine transformation.
  • Évaluer les différentes perspectives et approches liées au domaine de la recherche. L’étudiant·e, quel que soit sa discipline d’origine, sera confronté·e aux différentes Écoles sociologiques, anthropologiques, géographiques, historiques mobilisées pour cerner la question de la formation urbaine et de ses clivages dans une métropole très dynamique du Moyen-Orient.
  • Analyser les problématiques complexes liées au sujet. Il ou elle sera en mesure d’instrumentaliser la pensée complexe multidisciplinaire et comprendre l’intérêt de travailler en équipe. Il ou elle intégrera les approches aussi diverses que la cartographie, le cinéma et l’histoire de l’Art (par exemple) pour analyser et échanger autour d’une question qui intéressera sa formation d’origine.
  • Résoudre des problèmes pratiques en appliquant les connaissances acquises pendant l’ARC. L’étudiant·e aura acquis les bases de l’analyse des Systèmes d’Information Géographique (GIS-SIG), dont la numérisation de cartes, la création de bases de données, les techniques d’enquête sur le terrain, le traitement de l’information, et la restitution sous une forme synthétique et originale des résultats.
  • Concevoir des solutions novatrices et créatives en intégrant les concepts acquis. L’étudiant·e saura intégrer des approches issues du « cutting-edge » scientifique dans des analyses d’une ville jusque-là peu connue par le monde de la recherche internationale.
  • Planifier et organiser des projets en utilisant des compétences acquises. L’étudiant·e devra nécessairement travailler en équipe multidisciplinaire, confrontant ses approches disciplinaires avec celles d’autres pour négocier des compromis méthodologiques, sinon pour explorer de nouvelles voies différentes de celles que sa discipline d’origine propose habituellement.
  • Réaliser des travaux pratiques démontrant la maîtrise des compétences acquises.
  • Produire des rapports ou des présentations de haute qualité, en utilisant une communication claire. L’étudiant·e devra contribuer à la rédaction d’un article académique à soumettre à une revue à comité de lecture.
  • Appliquer les compétences acquises dans des contextes professionnels et pertinents au domaine de la recherche. L’étudiant·e pourra aisément recycler ces compétences dans tout travail d’équipe, dans sa propre discipline ou dans le cadre d’équipes plus larges travaillant sur les projets à plus large échelle.

 

Méthode
Le cadre théorique :
Les banlieues de toute ville sont le lieu à la fois de processus d’intégration et d’exhibition de différences. La lecture habituelle des Sciences sociales postule que l’intégration mène à un gommage progressif de différences pour produire, in fine, des êtres similaires dans leurs comportements, leurs aspects extérieurs, leurs attitudes envers le pouvoir. En fait, les banlieues sont les lieux provisoires de préservations d’identités, qui se métissent dans le temps au fur et à mesure des brassages et des rencontres dans cet espace en marge de la centralité. L’identité religieuse est l’une des variables qui perdure, tout en se modifiant imperceptiblement, malgré les métissages sociaux. Ce cadre théorique, élaboré en Occident mais exporté à Beyrouth, permet d’apporter quelques nuances : de par l’histoire politique particulière du Liban, la religion est centrale à la construction du Libanais. Il est donc naturel que cette dimension soit instrumentalisée dans la vie quotidienne, publique. Il n’est ni question de cacher, ni de nier cette appartenance : elle est visible à l’échelle des corps (l’habit, les bijoux), des moyens de transport (les médailles, les images pieuses, des symboles, sur le tableau de bord ou sur la carrosserie), aux entrées d’immeubles, sur les balcons, dans la rue. La banlieue serait donc le lieu de l’affirmation claire des identités religieuses (les médias et le folklore reprennent souvent cette idée), tout en le nuançant, au vu des très grandes différences ethniques ou nationales (Arméniens, Syriens, Kurdes, nomades, Assyriens, Palestiniens, etc.). Simultanément, la banlieue de Beyrouth rejoint la doxa théorique du lieu d’intégration, le « stepping-stone » anthropologique de l’entrée en ville.

Dans cette banlieue de Beyrouth (les espaces particuliers à enquêter peuvent provisoirement être définis comme Sinn el-Fil, Dekwané et Nabaa), la diversité d’origine, de religion et d’ethnie est très grande. On peut donc s’attendre à voir des îlots qui vont exhiber des objets religieux d’une seule religion, et ailleurs, une grande variété. Que signifiera alors la co-existence ou le métissage ? Pourquoi certains quartiers n’exhiberont pas d’objets vernaculaires, alors qu’ailleurs, l’espace en sera saturé ? Quels liens ou relations statistiques pourra-t-on extraire ? Quels liens avec le contexte géopolitique local ?

Toutes les disciplines sont conviées à cette recherche, comme mentionné plus haut : l’architecture qui étudiera les modes de construction des objets de culte ; la décoration intérieure les objets et leur disposition ; le cinéma avec l’analyse scénographique de l’objet dans le champ visuel ; le design avec l’analyse des objets, de leur histoire, des techniques de production ; les urbanistes avec la compréhension de la position des objets dans le champ urbain. Aucune discipline ne peut avoir le monopole explicatif d’un phénomène aussi complexe que la matérialité du spirituel.

La collecte des données se fera par des enquêtes sur le terrain, couplées directement avec des géo-positionnements par GPS (application se trouvant sur tous les téléphones portables), sous la supervision technique de personnes déjà à l’ALBA. L’enquête elle-même comportera des questions impliquant toutes les disciplines : la finalité est que chaque objet sera décrit selon toutes ses composantes, l’information reposant dans une base de données qui sera ultérieurement mise à la disposition du public via le site Web de l’ALBA. L’enquête se fera à pied, couvrant toutes les rues et ruelles d’un ou de plusieurs quartiers de la banlieue.

L’information recueillie alimentera ensuite la base de données d’un logiciel de SIG (ArcGIS, QGis), couplé à des cartes numérisées des ou du secteur de la banlieue qui aura été enquêtée. L’échelle idéale serait le 1/5 000, voire le 1/2 000. Dans un premier temps, les secteurs des municipalités de Sinn el-Fil, de Dekwané et de Nabaa pourront servir de cadre pour l’enquête, essentiellement pour des raisons de proximité à l’ALBA. Ce choix d’espaces est à négocier en fonction de disponibilité de temps, du nombre des étudiants, de l’accès à la documentation cartographique. Ces cartes, au format UTM et conforme à la projection WGS84 autoriseront leur exportation à n’importe quel autre format et type de projection, y compris pour des modèles en 3D.

L’analyse des données s’effectuera selon des interrogations effectuées à partir du logiciel de SIG, qui produira, au choix, des tableaux ou des cartes, après l’élaboration de la légende. Ces dernières pourront par la suite être retravaillées grâce à Adobe Illustrator pour en faire des documents répondant aux standards internationaux requis pour des publications dans des revues internationales à comité de lecture.

 

Modalités d’évaluation
Les méthodes utilisées pour évaluer l'atteinte des objectifs pédagogiques se concrétiseront par des exposés, ou des rapports écrits courts (5 pages au maximum), à présenter durant les semestres à des dates fixées à l’avance. Chaque rapport comptera pour 1/3 de la note finale.
Une mise en commun de l’ensemble des contributions constituera le document scientifique qui clôturera la recherche. Une journée de présentation (ou un colloque) permettra la diffusion de ces acquis auprès du public professionnel, scientifique ou intéressé.

 

Références
Résumé des études antérieures fondamentales :

  • Davie D., & Kassatly H.  2020 : Vivre auprès des saints : les pratiques votives autour des mazars orthodoxes du Akkar au Liban [en ligne]. Balamand : Publications de l’Université de Balamand, 79 p. Disponible sur : http://olib.balamand.edu.lb/ebooks/vivre_aupres_des_saints.pdf
    Travail sur le rôle des mazars et la question de la proximité entretenue entre les habitants et l’espace sacré.
  • Sicking T., Gérard Adjizian J., Badaro Saliba N., [et al.]  2019 : Les lieux de culte de Beyrouth et de sa proche banlieue. Beyrouth : Éditions de l’Université Saint-Joseph (« Espaces religieux du Liban » , 4), 329 p.
    Ouvrage utile pour une première réflexion sur la localisation des lieux de culte officiels dans la ville, mais qui élude la question des lieux religieux vernaculaires.
  • Sfeir C.  2013 : Religion et géographie à Beyrouth. La construction d’un paysage sacralisé à la croisée des intrérêts politiques et religieux. Doctorat en géographie historique, politique et culturelle. Paris : Université Paris-IV Sorbonne, 519 p.
    Cette thèse pose les fondations de l’analyse spatiale des marqueurs religieux à Beyrouth. Elle permet de comprendre la place du religieux dans la vie quotidienne des personnes qui pratiquent l’espace public de la ville.

 

Titres utiles pouvant apporter un éclairage thématique ou méthodologique :

  • Al-Qobbaj A. A., & Marshall D. J.  2024 : « Dwelling and healing with saints and jinn in the haunted landscapes of Palestine » [en ligne]. cultural geographies. DOI < 10.1177/14744740241234297 >.
  • Beveridge A. A.  2002 : « Immigration, ethnicity, and race in Metropolitan New York, 1900-2000 ». in : Knowles, (dir.). Past time, past place: GIS for history. Redlands, Calif : ESRI Press, pp. 65-77.
  • Blaschke T., Merschdorf H., Cabrera-Barona P., [et al.]  2018 : « Place versus Space: From Points, Lines and Polygons in GIS to Place-Based Representations Reflecting Language and Culture » [en ligne]. ISPRS International Journal of Geo-Information vol. 7, no 11, pp. 452. DOI < 10.3390/ijgi7110452 >.
  • Davie M. F.  2008 : « Internet et les enjeux de la cartographie des religions au Liban ». Géographie et cultures. 2008, vol. 68, pp. 81-98.
  • Debray R.  1992 : Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident. Paris : Gallimard (« Folio Essais » ), 526 p.
  • Desclaux-Salachas J.  2016 : « The cultural topographical mapping of Battir, village of Palestine, a UNESCO World Heritage site, since June 2014 » [en ligne]. in : Bandrova, & Konecny, (dir.). Proceedings, 6th International Conference on Cartography and GIS. 6th International Conference on Cartography and GIS, Albena, pp. 1-12. Disponible sur : https://cartography-gis.com/docsbca/iccgis2016/ICCGIS2016-54.pdf
  • Elliott T., & Talbert  2002 : « Mapping the Ancient World ». in : Knowles, (dir.). Past time, past place: GIS for history. Redlands, Calif : ESRI Press, pp. 145-162.
    Gregory I.  2002 : « A Place in History, A Guide to Using GIS in Historical Research » [en ligne]. 2002. Disponible sur : http://hds.essex.ac.uk/g2gp/gis/index.asp
  • Kassatly H.  2020 : « De la fonction des mazars du Koura au Liban » [en ligne]. in : Davie, (dir.). Un métissage de cultures. L’architecture sacrée du diocèseborthodoxe de Tripoli. Tome 2 Le Koura. Balamand : Publications de l’Université de Balamand (« Patrimoine antiochien : diversité et ouverture » ), pp. 309-330. (« Patrimoine antiochien : diversité et ouverture » ).
  • Knowles A. K.  2002 : « Introducing Historical GIS ». in : Knowles, (dir.). Past time, past place: GIS for history. Redlands, Calif : ESRI Press, pp. xi-xx.
  • Lancaster L. R., & Bodenhamer D. J.  2002 : « The Electronic Cultural Atlas Interactive and the North American Religion Atlas ». in : Knowles, (dir.). Past time, past place: GIS for history. Redlands, Calif : ESRI Press, pp. 163-177.
  • Martínez-Ariño J.  2018 : « The evolution of religious diversity: mapping religious minorities in Barcelona » [en ligne]. in : Monnot, & Stolz, (dir.). Congregations in Europe. Cham : Springer International Publishing, pp. 177-193. Davie pdf. Disponible sur : https://doi.org/10.1007/978-3-319-77261-5_10.
  • Mézié N.  2008 : « Les évangéliques cartographient le monde. Le spiritual mapping » [en ligne]. Archives de sciences sociales des religions. Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales , 2008, no 142, pp. 63-85. DOI < 10.4000/assr.13973 >.
  • Mézié N.  2008 : « Les évangéliques cartographient le monde. Le spiritual mapping » [en ligne]. Archives de sciences sociales des religions. Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales , 2008, no 142, pp. 63-85. DOI < 10.4000/assr.13973 >.
  • Naylor S., & Ryan J. R.  2002 : « The mosque in the suburbs: negotiating religion and ethnicity in South London ». Social & Cultural Geography. mars 2002, vol. 3, no 1, pp. 39-60.
  • Orum A. M.  1997 : The centrality of place: the urban imagination of sociologists [en ligne]. Chicago : Great Cities Institute, University of Illinois at Chicago (« A Great Cities Institute Working Paper » ), 11 p. Disponible sur : www.uic.cuppa/gci/publications/working%20papers/pdf/centrality%20of%20Place.pdf
  • Raisson V.  2002 : « Cartographie et religions : des liaisons dangereuses ». CFC. 2002, vol. 173‑174, pp. 78-81.
  • Rumsey D., & Williams M.  2002 : « Introducing Historical GIS ». in : Knowles, (dir.). Past time, past place: GIS for history. Redlands, Calif : ESRI Press, pp. 1-18.
  • Siebert L.  2000 : « Using GIS to visualize, and interpret Tokyo’s spatial history ». Social Science History. 2000, vol. 24, no 3, pp. 537-574.

Les lacunes dans les références par rapport au projet : jusqu’à ce jour, rien n’a été publié dans les revues internationales sur une micro-géographie des lieux de culte religieux dans le contexte péri-urbain du Liban.

 

Résultats attendus
Résultats attendus ou pressentis : les cartes suggèreront sans doute de fortes densités de marqueurs dans les rues secondaires, avec beaucoup moins sur les artères principales, les artères de la circulation automobile intense. Il y aura sans doute aussi une sur-représentation des cabellas qui mémorialisent les lieux de drames, des moments de conflits armés. Cependant, ces mêmes cabellas ont été construites aussi pour éviter des nuisances (dépôts d’ordures sauvages, parkings intempestifs etc.)

Il y aura sans doute une très forte présence de graffitis et tags à consonance religieuse (ou politico-religieuse) dans certains quartiers, tandis qu’ailleurs, la tendance statistique sera sans doute plus politique, voire ethnique (par exemple le drapeau arménien, ou des tags en rapport avec les conflits au Moyen-Orient).

L’analyse apportera aussi la possibilité de modéliser l’espace selon la dualité chrétienne-musulmane, chaque religion ayant une préférence pour un type particulier d’exhibition de la religiosité. Aussi, sans doute, des concentrations de lieux et objets religieux dans les quartiers au niveau socio-économique faible, ou selon l’origine les néo-arrivants. Également, sans doute, des différences selon les origines nationales (peu de lieux religieux produits par les migrants ou les réfugiés syriens) ou ethniques (peu de lieux religieux vernaculaires produits par les Arméniens). Sur-représentation chez les chrétiens de la Montagne, ou chez les catégories modestes musulmanes.

Les résultats permettront certainement de remettre en question les méthodes et schémas interprétatifs habituels communément utilisés au Liban, soit par manque de données issues de micro-analyses, soit par une forme de paresse intellectuelle. Cette recherche sur les lieux de culte vernaculaires ou sur les modes d’expression publique de la foi remet en question les interprétations rapides des médias occidentaux, mais également les approches sociologiques importées. D’une certaine manière, l’approche pluridisciplinaire effectuée dans une Académie des Beaux-Arts permettra une remise en question épistémologique de ce qu’est la méthode d’enquête dans un pays du Moyen-Orient. 

 

Matériel requis par l’étudiant.e
Ordinateur avec possibilité de numériser des cartes (selon besoin), ou remplir une base de données (FileMaker Pro, Excel) pour consigner les données des enquêtes.

 

Plan d'action

  • Préparation des fonds cartographiques standardisés et des fiches d’enquête
  • Enquête sur le terrain ou collecte d’information iconographique
  • Consignation dans un Système d’Information Géographique
  • Traitement de l’information et extraction de résultats
  • Analyse des résultats, cartographie de synthèse
  • Présentation des résultats en séance publique ou séminaire
  • Rédaction des rapports d’analyse, d’article(s)

 

Calendrier prévisionnel

Séance 1 :

  • Révision et visionnage des références existantes, en mettant l'accent sur les travaux interdisciplinaires pertinents.
  • Formulation des questions de recherche interdisciplinaires. Élaboration de l’ébauche de problématique.
  • Établissement de la problématique dans le contexte de l'interdisciplinarité.
  • Justification du terrain d’études
  • Nombre d’heures : 3 heures
  • Travail personnel : 8 heures

Séance 2 :

  • Raffinement des questions de recherche, en explorant les connexions entre les différentes disciplines.
  • Rappels des principes du Système d’Information Géographique, mises à niveau.
  • Nombre d’heures : 3 heures
  • Travail personnel : 8 heures

Séance 3-4 :

  • Collecte de données : entretiens sur le terrain, repérages, consignation des observations, mises en commun.
  • Nombre d’heures : 3 heures par séance
  • Travail personnel : 8 heures par séance

Séance 5-6 :

  • Analyse préliminaire des données collectées après introduction dans la base de données des SIG et élaboration des cartes de base.
  • Interprétation des résultats par rapport à l'hypothèse de recherche, en prenant en compte les apports des différentes disciplines en question, remise en question des directions données à la recherche.
  • Travail de première mise en cohérence multidisciplinaire des résultats et identification des travaux disciplinaires possibles, avec calendrier.
  • Contrôle mi-parcours
  • Nombre d’heures : 3 heures par séance
  • Travail personnel : 8 heures par séance

Séance 7-8 :

  • Présentation des projets de recherche et/ou de création de chaque étudiant.
  • Confrontation avec la théorie, remise en question des méthodologies, des résultats ; élaboration commune d’une nouvelle théorie.
  • Nombre d’heures : 3 heures par séance
  • Travail personnel : 8 heures par séance

Séance 9-10 :

  • Finalisation du projet de recherche : révision, édition et préparation pour la présentation ou la publication, en mettant en valeur les contributions de l'interdisciplinarité à la recherche théorique et à la création pratique.
  • Rédaction de la conclusion du projet de recherche en soulignant les découvertes interdisciplinaires et les recommandations pratiques pour soutenir l'interdisciplinarité artistique.
  • Rendu final
  • Nombre d’heures : 3 heures par séance
  • Travail personnel : 8 heures par séance

 

Langue d'enseignement
Français (et anglais si besoin)

 

Répartition globale en heures
Heures d’enseignement/recherche sur place = 30 heures
Travail personnel = 80 heures

 

Effectif
15 étudiants en première année de Master

 

Autres précisions
Il serait souhaitable qu’une réflexion préalable soit menée autour de l’archivage de l’ensemble des documents stockés dans la base de données afin de garantir un accès libre ultérieur. Les chercheurs futurs pourront ainsi puiser dans cette source de documentation lors de la rédaction d’articles scientifiques ou de continuation de cette même. Le Centre d’archives de l’ALBA est toute indiquée pour cette opération.

 

Biographies

  Michael F. Davie
Enseignant-chercheur principal

Michael F. Davie est Professeur des Universités émérite, à la retraite. Il a obtenu sa thèse de doctorat en géographie de l’Université de Strasbourg (France), et son Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) de l’Université de Tours (France). Ses thématiques de recherche, inscrites dans des laboratoires UMR-CNRS à Tours et à Paris-Sorbonne, ont porté sur la géographie urbaine du Monde arabe, sur la géopolitique et sur la cartographie.

 

Les intervenant.e.s

Des intervenants issus des divers département de l’ALBA, notamment ceux et celles en architecture, en urbanisme, en SIG, en médias et illustration, en cinéma, en mode, en décor intérieur.

 

Les conférencier.e.s

  • Un conférencier familier avec la question de la sociologie des religions ou de la sociologie des banlieues libanaises.
  • Un conférencier Médias, cinéma.
  • Un conférencier pour présenter la place du cinéma dans la ville, ou l’utilisation de films documentaires sur la ville et la religion.
  • Une conférencière travaillant sur l’espace et la religion à Beyrouth.

 

(c) ALBA-UOB 2023-2024